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ASSOCIATION NATIONALE DES RETRAITES, DES ACTIFS ET DES AMIS DE LA POLICE
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3 mai 2016

RÉFLEXIONS ET SOUVENIRS D’UN ADHÉRENT SUR LE THÈME : « Service militaire, facteur de cohésion sociale »

Nos adhérents s'expriment :

Service militaire

" J'ai effectué mon service militaire du 1er juin 1979 au 31 mai 1980.
L'incorporation avait été retardée de quinze jours pour nous permettre de voter. En effet, pour la première fois, les députés au Parlement européen étaient élus au suffrage universel.
Des amis m'avaient proposé de me "pistonner» pour que je sois affecté près de mon domicile, mais j'avais décliné leur offre. Originaire de Perpignan, j'ai été affecté à Sarrebourg (Moselle). 1er Régiment d'Infanterie, plus vieux régiment de la chrétienté pouvait-on lire sur le livret d'accueil car issu des bandes de Picardie en 1479.
Les appelés étaient issus majoritairement d'Alsace-Lorraine, du Nord, de la région parisienne et du Berry. Nous étions deux Catalans!
Etant fonctionnaire depuis trois ans au moment de l'incorporation, il m'a fallu quelques semaines pour m'habituer à la vie en caserne. Les premiers jours, bien qu'âgé de vingt-deux ans, je pleurais lorsque je téléphonais à mes parents. Affecté en qualité de secrétaire comptable dans une compagnie de combat, j'ai suivi le régiment en manœuvre au camp de Bitche et en stage commando à Montlouis. Ma candidature ayant été retenue pour être «instituteur de compagnie", je donnais des cours le soir aux appelés qui n'étaient pas titulaires du certificat d'études:
français, arithmétique, instruction civique, législation du travail. A la première dictée, certains ont fait près de quarante fautes. A la première leçon d'instruction civique, j'ai demandé qui nous venions d'élire (les députés européens). Réponses: les préfets, les juges, les professeurs,...Il y avait du boulot! Soir après soir, nous avons mis l'ouvrage sur le métier, ce qui a permis à un certain nombre d'obtenir leur certificat d'études. J'ai aussi découvert l'illettrisme. Il m'est arrivé plusieurs fois de jouer le rôle d'écrivain public pour ceux qui ne savaient pas écrire; l'un d'eux m'apportait les lettres de sa fiancée et je rédigeais la réponse. Le dimanche, avec plusieurs camarades, nous allions à la messe dans la chapelle de la caserne. Le service militaire m'a permis:

- de connaître une région - la Lorraine - dans laquelle je n'avais jamais mis les pieds et où je ne serais sans doute jamais allé,
- de rencontrer des personnes- mineurs, ouvriers, séminariste, pianiste de renommée internationale - que je n'aurais certainement jamais connues,
- de me rendre utile auprès de mes camarades,
- de nouer des amitiés.

Je ne regrette pas du tout cette année passée sous les drapeaux.
Lorsque j'ai été "libéré", j'avais les larmes aux yeux en quittant la caserne et j'avoue qu'il m'a fallu plusieurs mois pour me réhabituer à la vie civile.
Trente-six ans après cet épisode qui a marqué mon existence de manière indélébile, je corresponds toujours avec un camarade qui faisait partie de mes « élèves» ayant obtenu le certificat d'études.
Certes, le service national coûtait cher et n'avait pas une grande utilité d'un point de vue purement militaire, mais il permettait un brassage entre des jeunes de toutes les régions de France et de toutes origines sociales. De plus, il était la dernière chance pour ceux ayant quitté le système scolaire sans aucun diplôme. Aussi, avec le recul, je regrette la "suspension" du service national par le président Jacques Chirac. Quel dommage d'avoir supprimé cet instrument de cohésion nationale !"

Didier FABRE

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